Quittons le littoral costarmoricain pour les landes des Mts d'Arrée en cette fin août. Avec des collègues, on étaient venus sur les landes près de la réserve du Vénec, pour récolter des fleurs de callune - c'est une autre bruyère- afin d'aromatiser une cuvée de bière, un peu spéciale. Entre les giboulées.
Les amateurs de cervoise du cru m'ont affirmé que la cervoise résultant de cette alchimie, était à tuer !
La callune ? Il s'agit de la bruyère rose au premier plan.
Eh bien oui, il fait beau... et chaud. Le soleil donne... Pas la moindre brise... La lande miroite et flamboie, dégageant un parfum suave et capiteux.
Balade matinale sur le côté Est du Cap Fréhel, entre la Fauconnière et l'Anse des Sévignés, accompagnés par le bourdonnement de milliers d'abeilles butineuses de bruyères.
Tiens, il y a des accrocs et des taches sur le tapis des bruyères...
Une drôle de plante vampire suceuse de sève, la cuscute de l'ajonc, repérable par l'auréole rouge qu'elle forme sur la lande ; et les cocons blancs, faussement protecteurs, de l'imbroglio des toiles d'araignées. Pas clean d'être un ajonc ou une mouche dans le coin !
Sortie tôt le matin. Ambiance bourrée de calmitude. De quoi se réveiller sans trop de stress...
Sûr que la journée sera belle. Pas trop j'espère, je déteste le ciel stupidement bleu... un peu comme le sent l'ami Georges (Brassens) : "Le beau temps me dégoûte et m'fait grincer des dents, le bel azur me met en rage."
Vers la pointe du Jas, à l'ouest du Cap, la lande a malgré tout réussi à coloniser les pentes les plus raides et les plus exposées aux vents dominants.
Début juillet. Cette année, la floraison de la lande du Cap Fréhel, est tout à fait exceptionnelle. Eblouissante de pourpre et d'or. Le labyrinthe des coussins fleuris de la bruyère cendrée et de l'ajonc d'Europe nous offre un phénoménal tableau des couleurs opposées. Sur le fond bleu de la mer, c'est le bonheur total !
Quelle est la couleur précise de la bruyère cendrée ? Comment dire ? Ce n'est ni du rose, ni du mauve, ni du pourpre, ni du violet, ni du magenta, ni du parme... un subtile mélange de toutes ces teintes, sans doute. Mais en ce printemps, sur le maigre sol rocheux de la Pointe du Raz, la nature nous a déroulé le tapis rouge !
Et, agrémentant le tapis de la bruyère, quelques jolis bouquets de chèvrefeuille.
Gamin, j'adorais suçoter ces fleurs au goût de miel...
On dit que le confinement Covid des derniers mois de mars-mai a été très bénéfique pour la vie sauvage : des chevreuils sur la pelouse des stades, des renards dans les poubelles des lotissements, des colonies d'ardéidés sur les îlots et des gravelots sur le haut de plage de Bretagne. L'Eden avant Adam et Eve...
Eh bien, c'étaient pratiquement les mêmes symptômes, pour notre flore armoricaine ! Elle en a profité à donf ' !
Pour preuve, ces landes à la floraison magnifique. Malgré mon grand âge, je n'en avais jamais constaté l'équivalent...
On commence par la pointe du Raz, où je me suis précipité dès la fin du confinement (11 mai). Incroyable, tout un tas de gens - et des même pas naturalistes- avaient eu la même idée et c'était une longue procession de promeneurs pressés sur le chemin côtier entre le parking de la Baie des Trépassés et 'the point de vue' de la pointe du Raz... et sa triste minéralité ... alors que la lande était si belle...
Petites vadrouilles nature mais néanmoins photographiques qui me permettront, au fil des jours et des images, de vous
raconter quelques "histoires naturelles".