Les trous noirs, ce sont les entrées des puits des ardoisières. Il y en avait partout sur les pentes de la rive gauche de la vallée du Blavet. On en rencontre encore dans les bois du côté de Keriven, mais les plus impressionnants sont ceux remis à l'air libre par la baisse du niveau de l'eau. Enormes bouches glauques et sinistres.
Je ne peut m'empêcher d'imaginer les conditions de travail des ardoisiers... l'enfer froid des celtes.
Rien que d'y penser, mon arthrose se réveille.
Entrées d'anciennes ardoisières au-dessus de l'écluse de Pouldu.
Dessous, c'est une galerie d'ardoisière. Toul Du, le trou noir.
On trouve de tout au fond du lac asséché, du pas beau : cannettes, litrons, boîtes et bidons, parpaings, pneus, fils de pêche et autres déchets contondants qui me font désespérer en l'espèce humaine...
Par contre, a priori tout aussi polluante mais avec un contenu plus aventureux et romanesque, toute une flottille fantôme de barques et embarcations diverses plus ou moins 'stuck in the mud' ou 'baisées comme un tacaud sur la vase', c'est à dire plus ou moins enfouies dans le limon.
Il paraît même que gît, anse de Landroanec, une épave de langoustier à l'histoire peu banale - que je vous raconterai une prochaine fois.
Si l'envasement du lac se concentre au fond en une impressionnante épaisseur de vase qui a failli être fatale à quelques randonneurs imprudents, une fine couche de sédiments se dépose également sur la moindre aspérité, même dans des situations pratiquement verticales.
Lors de la baisse du niveau du lac, les limons se sont bien plaqués aux racines et aux rochers.
Triangles, rectangles un peu cabossés, pentagones, hexagones, hepta, octo ... multiples polygones plus ou moins réguliers et de toutes tailles - de quelques centimètres de côté à pratiquement un bon mètre !- et de toutes couleurs suivant la nature du sédiment ou de la reprise de la végétation.
Les renouées sont des plantes pionnières, voir envahissantes. Dès que le fond du lac a été suffisamment sec, elles ont lancé une invasion impressionnante avec leurs alliés les saules. En quatre mois, la guerre était gagnée !
Avec l'automne, elles ont pris une teinte rouge qui donne au paysage un aspect surréaliste.
Lors de la prochaine remise en eau du barrage, que deviendra toute cette biomasse qui restera au fond ?
Rives du Blavet vers l'anse de Sordran (écluse de Baraval).
Et avec la végétation (saules et renouées) qui a envahi avec virulence le fond limoneux du lac, le paysage lunaire du début de l'assec est redevenu pratiquement 'normal'...
Petites vadrouilles nature mais néanmoins photographiques qui me permettront, au fil des jours et des images, de vous
raconter quelques "histoires naturelles".